Entre temps un des trois plus gros tapis est venu nous rejoindre. Il met une heure à ranger ses jetons et raise in the dark utg sa première main : « Oh les gars c’est ma première main à la table pas d’horreur hein ?»
Ce n’est que le début d’un perpétuel « trash talking », il est aussi saoulant que drôle, Dempsey est mort de lire, il lui parle dans un anglais made in France, le gars fait le spectacle, il porte un bonnet bien enfoncé et une écharpe autour du visage qui montent jusqu’à ses lunettes de soleil. Un fou furieux. Tout le reste de la journée il essaiera de faire copain copain avec moi pour me gratter de l’info me suivant pendant les pauses. « Oh Winamax ! T’avais quoi là ? »
La valse des chaises musicales continue à la table, « tiens une tête connue… » je recroise la route de l’irlandais Marc MacDonnell qui vient de s’assoir avec un très beau tapis, petit signe de tête réciproque et courtois, aie… comme si ça suffisait pas….
Dempsey se jette sur le cl et lui fait vite comprendre qu’il s’est assis chez lui.
Dans la série je chatte, je prends un énorme pot avec AA vs QQ et KK, le rêve quoi…
Je passe à 175k puis monte doucement à 190k à 320 joueurs left, average 80k : suis très bien.
Pendant ce temps-là c’est la guerre totale à la table, tous les coups sont 3bet et 4bet, ça part dans tous les sens, ça saute comme du popcorn. La fatigue commence à se faire sentir, j’ai un coup de moins bien, j’arrive plus à me concentrer, du mal à lire les flop, ne sais plus par quel bout prendre les choses, un temps de flottement durant lequel je laisse couler un peu.
Toujours 190k average 90k, je me repose un peu et vise juste le maintien de mon stack le temps de reprendre des forces, il reste un round à jouer.
Je prends une longue pause, discute au téléphone avec Sly qui me recadre, suis dans une forme de tilt en fait.
Avec 190k je ne suis que le 4eme tapis de la table, je languis le redraw de demain et de pouvoir avec ce stack matraquer un peu les tapis moyens. La table est vraiment difficile, j’ai peur de spew, il me tarde vraiment la fin du day.
Le dernier round je reviens de la pause 15 mn en retard mais dans de meilleures conditions et décide de changer un peu de rythme. Assez card dead je fais comme je peux et perds un gros pot contre MacDonnell en bluff.
Il me paie dp river sur un board avec 4 trèfle, « nice call »lui dis-je, on en discute un peu, l’as et le roi sont sortis, sa réflexion c’est que j’ai soit genre Q ou J à trèfle pour value oop river soit moins bien que lui vu qu’avec un moins bon trèfle j’aurais check call la river au lieu de bet.
Pas faux…comme je peux très bien value J clubs aussi mais enfin soit…
« Never bluff an irish guy ! »lol me lance James Dempsey, et la table éclate de rire.
Je redescends à 163k pour une moyenne à 120k et 220 left.
Dempsey martyrise Marc MacDonnell, l’irlandais ne se dégonfle pas, la classe et moi j’admire…
Les spots sont durs à trouver, je ne vois pas grand-chose mais me sens encore d’attaque pour remonter.
Je prends plus de risques sur ce dernier round et termine le day2 avec 183k sur average 149k 178 joueurs left pour 128 payés.
Ouf… enfin c’est fini… je suis crevé et j’ai vraiment souffert à cette table, c’est celle qui m’aura de loin le plus marqué. J’ai souffert mais j’ai la sensation d’avoir appris. Un EPT c’est la guerre et j’ai peut-être atteint mes limites. Je suis au-dessus de l’average beaucoup de shorts qui vont sauter dès le premier round, on peut penser qu’au deuxième round demain on sera dans l’itm si tout va bien. Je repars confiant.
Tomorrow is another day…