Cobra13013 a ensorcellé l'EPT Deauville !!!

Simple, clair et très bien écrit.

À quand la suite?

sans blaguer en plus d'avoir fait une telle perf on vient de découvrir tes talents de narrateur ! une nouvelle carriere en perspetive !!
GG mika

Day2

Encore une bonne nuit et au matin les chansons de Sly sur le forum pour me mettre la pêche, je me sens en pleine forme, sans trop de pression cette fois, il fait beau à Deauville, je me sens plutôt bien sur le chemin qui me ramène à la salle du tournois.


Six rounds de 75 mn au jour d ‘hui à la place des « wouit » de 60 mn d’hier, j’espère pour moi que la journée sera longue…
Les tables ont été redistribuées et ça s’annonce un peu compliqué avec Todd Bruce Terry USA très très gros client même s’il est plus trop deep et à ma droite ; et à ma gauche Vikash Dhorasoo bien en stack, Manu.B aussi à tapis égal. Je prends le temps minimum à l’image avant le démarrage histoire d’observer un peu. Pas de round d’observation pour l’irlandais Marc MacDonnell qui part pied au plancher et avec des munitions. C’est un joueur que j’ai retrouvé plus tard et qui m’a fait forte impression. On m’a appris à ma grande surprise qu’il s’était juste qualifié sur Pokerstar.


Je prends les rares spots d’open avec assez peu de réussite en ce début de tournois, juste le temps que Terry passe très vite à la contre-attaque. Terry est à la gauche de l’irlandais et commence à passer des 3bets en position, c’est au tour de MacDonnell de se défendre en 4betant. Puis vient ce qu’attendait Terry, l’irlandais 4bet JJ à hauteur du tapis et insta call de l’americain qui double avec QQ.
A ce moment-là Dhorasoo se met à me 3bet aussi à l’occase pendant que la guerre fait rage dans le virage à droite, alors plutôt que de compter les points je finis par prendre mon courage à deux mains et à 4 bet all in J3o sur la dynamique MacDonnell/Terry plutôt que sur les 3bets de Vikash plus serré.


Je me sens assez détendu à la table, l’ambiance est très fair-play avec un Terry sympa et qui scan toutes les cartes marquées par une chiure de mouche.
La croupière est italienne et Dhorasoo lui dit dans la langue de Dante « Ma fille est née à Milan»
« Ah vous êtes italien ? »
« Non indien »
« Ah ok, c’est votre femme alors?… »
« Non française » lol
« Tu sais que mes potes ont mis un Bounty sur toi à cause de ta frappasse contre l’O.M au Parc ? »
« Et oui… ça aura été mon seul jour de gloire ! » lol
Le gars vraiment sympa et humble… tout comme Manu.B avec qui je partage river KQ vs KQ « ah bah forcément si toi aussi… »me dit-il avec le sourire le temps de sympathiser un peu. Même si je commence à fondre, je reste suffisamment actif pour espérer me faire payer une bonne main, elle arrive juste avant le break, QQ au bouton : mais les blinds foldent…

Je change très vite de table et me dirige vers la table 3 avec 25k. Oulaaa…pwaa… y’a du jeton à cette table…
Le gars à ma droite relance 80% des mains depuis que je suis arrivé ; je ne sais pas encore que j’ai chatté la position sur James Dempsey…
Je ne sais pas non plus que ça sera pour moi la table la plus difficile et qui m’en apprendra le plus je crois. Paradoxalement je vais y trouver aussi des spots magiques… il en faut bien, et j’ai eu la chance d’en rencontrer.


Je trouve KK, James Dempsey vient de raise avant moi pour la énième fois et je décide de call en prenant l’air distrait, Scotty Nguyen est à la table juste devant moi et fait le spectacle : un plaisir immense de le voir et d’entendre son fameux « baby ».
Je l’ai souvent croisé et il n’a jamais descendu les escaliers en marchant droit.
Mes vœux les plus cher sont finalement exhaussés quand l’espagnol à ma droite prend le spot pour squeeze, Dempsey fold et moi je compte et recompte, commence à faire mon petit cinéma pour finir par just call.
Je me donne l’air d’avoir fait une bêtise et je sens quelques regards condescendants à la table sur cet horrible commit. Flop 8 hight, je check il bet et je pousse. Double up à 55k, enfin…de l’air !
« Ah..KK, nice hand » Quelques joueurs me glissent un petit « good game », sympa, ça gonfle un peu ma confiance.



Je profite de cette nouvelle impulsion pour tenter d’exploiter la position de temps en temps sur Dempsey. Un joueur au high jack relance 3.3k, Dempsey au cut of 3bet pour 7k, je 4bet 17k au bouton avec 95o : fold, fold. Intérieurement me sens tout fier comme un gamin qui a joué un mauvais tour.
Je commence à rouvrir ma range et grind jusqu’à 76k ; la moyenne est à 70k et un nouveau tournoi commence pour moi.
Je laisse à Dempsey le rôle de l’over agro de service, il le tient tellement bien, de toute façon je ne peux pas lutter… et je serais fou de jouer sur le même terrain que lui.
Du coup ça devient difficile, je place quelques 3bets de temps en temps sur lui mais les jetons de la table sont pour l’anglais. Il me prend tous les spots d’open et de 3bet. Dempsey 4bet, a des lectures de malade, Dempsey terrorise littéralement la table, Dempsey… équilibriste de haute voltige over agro… et qui semble ne pouvoir jamais perdre un coup.
Tout est juste chez lui. Un monstre intouchable et jamais rassasié …

Entre temps un des trois plus gros tapis est venu nous rejoindre. Il met une heure à ranger ses jetons et raise in the dark utg sa première main : « Oh les gars c’est ma première main à la table pas d’horreur hein ?»
Ce n’est que le début d’un perpétuel « trash talking », il est aussi saoulant que drôle, Dempsey est mort de lire, il lui parle dans un anglais made in France, le gars fait le spectacle, il porte un bonnet bien enfoncé et une écharpe autour du visage qui montent jusqu’à ses lunettes de soleil. Un fou furieux. Tout le reste de la journée il essaiera de faire copain copain avec moi pour me gratter de l’info me suivant pendant les pauses. « Oh Winamax ! T’avais quoi là ? »


La valse des chaises musicales continue à la table, « tiens une tête connue… » je recroise la route de l’irlandais Marc MacDonnell qui vient de s’assoir avec un très beau tapis, petit signe de tête réciproque et courtois, aie… comme si ça suffisait pas….
Dempsey se jette sur le cl et lui fait vite comprendre qu’il s’est assis chez lui.
Dans la série je chatte, je prends un énorme pot avec AA vs QQ et KK, le rêve quoi…
Je passe à 175k puis monte doucement à 190k à 320 joueurs left, average 80k : suis très bien.


Pendant ce temps-là c’est la guerre totale à la table, tous les coups sont 3bet et 4bet, ça part dans tous les sens, ça saute comme du popcorn. La fatigue commence à se faire sentir, j’ai un coup de moins bien, j’arrive plus à me concentrer, du mal à lire les flop, ne sais plus par quel bout prendre les choses, un temps de flottement durant lequel je laisse couler un peu.
Toujours 190k average 90k, je me repose un peu et vise juste le maintien de mon stack le temps de reprendre des forces, il reste un round à jouer.
Je prends une longue pause, discute au téléphone avec Sly qui me recadre, suis dans une forme de tilt en fait.
Avec 190k je ne suis que le 4eme tapis de la table, je languis le redraw de demain et de pouvoir avec ce stack matraquer un peu les tapis moyens. La table est vraiment difficile, j’ai peur de spew, il me tarde vraiment la fin du day.


Le dernier round je reviens de la pause 15 mn en retard mais dans de meilleures conditions et décide de changer un peu de rythme. Assez card dead je fais comme je peux et perds un gros pot contre MacDonnell en bluff.
Il me paie dp river sur un board avec 4 trèfle, « nice call »lui dis-je, on en discute un peu, l’as et le roi sont sortis, sa réflexion c’est que j’ai soit genre Q ou J à trèfle pour value oop river soit moins bien que lui vu qu’avec un moins bon trèfle j’aurais check call la river au lieu de bet.
Pas faux…comme je peux très bien value J clubs aussi mais enfin soit…
« Never bluff an irish guy ! »lol me lance James Dempsey, et la table éclate de rire.
Je redescends à 163k pour une moyenne à 120k et 220 left.


Dempsey martyrise Marc MacDonnell, l’irlandais ne se dégonfle pas, la classe et moi j’admire…
Les spots sont durs à trouver, je ne vois pas grand-chose mais me sens encore d’attaque pour remonter.
Je prends plus de risques sur ce dernier round et termine le day2 avec 183k sur average 149k 178 joueurs left pour 128 payés.
Ouf… enfin c’est fini… je suis crevé et j’ai vraiment souffert à cette table, c’est celle qui m’aura de loin le plus marqué. J’ai souffert mais j’ai la sensation d’avoir appris. Un EPT c’est la guerre et j’ai peut-être atteint mes limites. Je suis au-dessus de l’average beaucoup de shorts qui vont sauter dès le premier round, on peut penser qu’au deuxième round demain on sera dans l’itm si tout va bien. Je repars confiant.
Tomorrow is another day…

Un pur bonheur ...... Merci Mika, tout simplement

Je me régale aussi.
J'aime bien le ton donné.

exceptionnel !! prix goncourt poker news !!!

Tu m'as épuisé ...
Vivement que tu te reposes et qu'on reprenne la route vers l'ITM

très agréable comme CR, et impatient de lire la suite.
come on baby!

Excellent Je me réglable Encore...Encore...Encore

J attendais cette partie du CR avec impatiente et ne suis pas du tous déçu.

Me languis la suite avec le tome3

Il y aura le Seigneur des anneaux et le CR de Cobra!
Nice1

Bravo pour le suspense! c'est mieux que "les feux de l'amour" !! hihi
Un régal......

Un pur régal

Tu fais chier je pensais lire le CR en entier moi bon bein à +

Nul ce thread. Lool

Day 3:


Réveil 10h00 sur la musique de Rocky fraîchement postée par Sly sur le forum. Nikel.
Il fait beau, encore Ben et Sly au téléphone, encore en retard à la table…

Texto de Sly « Tu fais ton Phil Hellmuth ou quoi ? MDR »
Le redraw fait du bien, je suis le deuxième en stack à la table et compte bien en profiter. Le cl est le belge Koen De Visscher qui en est déjà à son 5eme itm à un EPT dont une 3eme place accrochée en Autriche. Le gars est sympa et réservé, vraiment accessible : on échangera toujours quelques mots durant les breaks.
J’ai envie de jouer le tout pour le tout aujourd’hui et ne pas laisser passer la bulle sans avoir au moins essayé de monter un peu de stack. Comme prévu le belge fait main mise sur la table, et peut-être grâce à l’expérience vécue hier, je trouve un esprit de révolte irlandais et décide de fight back.
Je le call à tous les boutons et commence à passer quelques 3bet, barrel les flops, lui prends quelques coup. Il finit par ralentir un peu, ça me permet de trouver des fenêtres d’open raise.

Je grinde à 215k et pendant que les petits tapis commencent à sauter l’approche de la bulle ne saurait tarder.
Les heures passent et je me sens respecté, me sens bien dans ma tête en trouvant le bon flow dans ma fréquence de 3bet, je rattrape juste les open que je ne prends plus faute de jeu entre autres, et soucieux surtout de garder ce qu’il faut de crédibilité pour plus tard quand viendra la bulle. Je me montre pas plus gourmand que ça et essaye de garder un rythme de croisière, préserver mon stack dans un registre plutôt semi-relâché.

J’adapte vite ma stratégie à la bulle en tenant une ligne plus agressive. Le belge, un poil fatigué, ayant sensiblement ralenti (sûrement d’ailleurs juste parce que j’attaque trop tôt en fait) je décide d’en profiter. Je choisis, sur une image viable, de rentrer dans une logique de 3bet abusifs sur toutes les tentatives d’open des stacks compris entre 20 et 30bb. J’observe, prends mon temps et sur un choix que je tente désespérément de baser sur l’observation, je punis par un reraise commitant le relanceur initial à quelques places de la bulle.
La stratégie fonctionne bien et je monte à 250k.

Il ne reste plus que deux joueurs à sauter quand tout mon travail de sape s’écroule : down to 168k JJ contre QQ d'un short. Le belge repasse à l’attaque et relance toutes les orbites, il a le double en jetons et je n’ai pas trop envie de lui faire la guerre à deux place de la bulle.
Changement de tactique, je retombe à 150k et peux plus trop m’amuser ; on va attendre que la bulle éclate puis jouer le tout pour le tout.

On en est à présent au main par main et c’est très long à venir. Plus qu’un joueur left mais le floor décide de nous envoyer quand même en pause. Au retour l’itm arrive vite et le rythme des sorties s’intensifie, Eric Nhouyvanisvong partage la bulle et 3750 euros avec Ilan Boujenah ; j’ai finalement décidé que je n’allais pas non plus forcément forcer les spots et m’envoyer. Je ne joue pas non plus trop les paliers et m’en soucie peu.

Il y a du mouvement à ma table et vient s’assoir un jeune joueur avec une polaire, très timide, sensiblement tendu. Je suis de BB quand il relance son bouton assez stressé. Je défends 6h-8h pour la fréquence et dans l’idée d’essayer de l’out play. Je passe un gros bluff pour remonter à 215k.
Puis monte à 256k sur blinds 3K-6K 500 grâce notamment à un joli pot 4bet all in avec Q6o.
La table d’hier m’a fait du bien au niveau de la prise de risque on dirait.

Mon tapis monte bien 319k, 325k. 70 left, me sens bien et décomplexé, oubliées les déconvenues de la bulle.
Entre temps je retrouve mon pote loufoque avec son bonnet qui vient juste de s’assoir à ma gauche ; ça a l’air de run good pour lui, je le sens dans un état d’excitation.

Il n’a plus l’air trop frais autant visuellement qu’au niveau de l’odeur…
« Ça sert à rien de jouer des gros coups l’un contre l’autre sauf gros jeu ok ? » « Mais bien sûr »…
Il est constamment en train de faire le show, se lève toutes les deux minutes, joue clairement sur le tilt à la table et ça commence à me gonfler : je mets mon casque et lui prends deux très gros pots. Je prends avec plaisir ce beau rush qui s’annonce, passe en mode agro et monte à 670k puis 745k, 57 left.